Le GR20 en 3 jours

Jour 2 - Verghio - Verde

Samedi 3 septembre 2011

Grosse étape aujourd’hui, la plus longue des 3. Il est tombé quelques gouttes cette nuit mais le ciel est dégagé à 2h quand je m’élance dans la nuit. Une première partie assez roulante pas plus mal pour une nuit encore bien noire. Les renards et les vaches ont plus peur que moi et se demandent ce que vient faire cette lumière blanche à cette heure ci. Leurs yeux reflètent parfaitement la lumière « vous pouvez vous cacher mais je vous vois » en parlant tout seul mais en me rassurant aussi un petit peu ! Enfin de la fraîcheur. Le col Saint Pierre est réputé comme venteux et ça fait sacrément du bien. Puis le passage au lac de Nino où je réveille les chevaux sauvages. Il fait encore bien nuit.

Je suis parti de l’hôtel avec très peu d’eau pour être léger dans la montée et comptais recharger à la fontaine du lac. Il ne me restait que 2-3 gorgées arrivées au lac. Pas de chance, la fontaine est à sec ! C’est la première fois que je vois ça, je ne pensais vraiment pas que cela puisse arriver. Bon j’ai mis 1h30 pour monter au lac, je peux tenir encore une petite heure sans eau. Y’en aura à Manganu.
 
Il faut se méfier en septembre, les orages n’ont pas éclatés en août et les ruisseaux sont à sec. Un vrai plaisir de courir enfin sur un sol moelleux sans cailloux. C’est la partie la plus « souple » du GR, les abords du lac. 
 
Manganu 4h30 du matin, tout le monde dort. La source coule avec un filet d’eau. 5 minutes pour remplir 1 litre ! Comment les gens ont-ils fait la veille ? Sûrement en se rabattant sur l’eau des lavabos pourtant mentionnée comme non potable. J’en ai bu quand même, je n’ai pas eu de pb particuliers à l'estomac.
 
Les jambes vont bien et je me sens encore d’attaque malgré une petite nuit quelque peu agitée. Montée à la brèche de Capitello, partie délicate la nuit. Il faut à nouveau être vigilant et bien suivre les traces. Le jour n’est pas encore levé et je suis obligé de changer mon jeu de piles car m’a lampe n’éclaire plus. Finalement les piles LR06 au lithium n’ont qu’un avantage : leur légèreté. Elles ne durent pas plus longtemps que de bonnes alcalines. J’étudierai la question des batteries rechargeables Nimh à mon retour.
 
A 2 reprises, je cherche les marques dans cette montée où les traces se perdent. L’arrivée à la brèche à 6h est une récompense. Le soleil n’est pas encore levé mais le ciel commence à s’éclaircir et les 2 lacs mélo et Capitello offrent un spectacle à couper le souffle. Je prends conscience de ce moment rare en faisant une pose contemplative sur ce paysage minéral. J’en ai la chair de poule. La pause casse croûte ne pouvait pas mieux tomber. Je suis seul dans ce décor grandiose, la partie la plus belle du GR pour moi. Toute la traversée en balcon est un régal pour les yeux, la lumière du jour dévoilant peu à peu les couleurs de la roche et des lacs.
 
Premier randonneur croisé à 7h30 dans la descente qui mène au refuge de Petra Piana. Puis d’autres s’en suivent, les adeptes du sud nord.
 
Petra Piana 8h pile ! Le début d’une journée de rando se disent certains, sauf pour moi : j’en ai déjà 6 heures dans les pattes ! Mais le moral est bon et il me reste encore beaucoup de chemin et notamment la longue descente sur Vizzavona redoutable pour les pieds. J’ai choisi de passer par la variante des crêtes, plus belles et plus rapide. Il me faut un peu plus de 2h pour rejoindre le refuge de l’Onda où je décide de faire une pause. Un petit détour de 10-15 minutes nécessaire car je n’ai plus d’eau et la pause casse croûte est bénéfique.
 
Une grosse montée de 600m de dénivelé avant la descente sur Vizzavone. Je pousse avec mes mains sur mes genoux pour me donner un rythme et je double 2 gars habillés Salomon des pieds à la tête qui tentent de s’accrocher. Mais mon petit sac fait toute la différence par rapport à leur charge. La redescente est très caillouteuse, surtout les 400 premiers mètres de dénivelés. J’utilise à fond mes mains sur les rochers, tout en restant souple sur mes appuis. Il me faut tout juste 2 heures pour la descente jusqu’au col de Vizzavone. Je me paye même le luxe de faire trampette à la cascade des anglais. L’énorme piscine naturelle est vivifiante.
 
Pause coca vers 13h30 pour fêter la partie nord en 1j ½. La dame de la buvette m’indique le chemin à suivre pour rejoindre le col (je ne suis pas passé par la gare de Vizavone, j'ai coupé à droite avant). C’est super mal indiqué. Il faut d’abord suivre une piste forestière pour suivre des marques bleues ou jaunes. Le problème c’est qu’il y en a dans tous les sens. Je perds du temps à faire des demi-tours et je peste de voir un balisage aussi approximatif. Puis je retrouve des panneaux indiquant le bon chemin, enfin !
 
J’avais le refuge de Capanelle en tête et je le voyais plus près qu’il ne m’était réellement. La partie plate est relativement longue et j’arrive au refuge à 16h, 1h en retard sur ce que j’avais prévu mais j’ai perdu du temps dans la forêt.
 
Petit ravitaillement avant la dernière partie de la journée et je me fais capté par un groupe de traileurs corses qui m’ont vu arriver ! «  Vous êtes quelqu’un de connu ? » m’a lancé une femme. « Heu, non pas vraiment » j’ai rigolé. « L’espagnol… il est fort ! » m’avait dit le gars en croyant que j’allais m’attaquer à un quelconque record. Il m’a raconté les exploits de Kilian quand il a pulvérisé le record en 32h50. « Les lièvres… il les tuaient un part un ! ».
 
Ce n’est pas tout ça mais j’ai encore 2h30 à boucler jusqu’à Verde. Même si c’est roulant, les jambes commencent à fatiguer. Et je me force à relancer sur les parties descendantes. La fin de journée est longue et les jambes fatiguées, arrivée à 19h juste à l’heure pour la soupe car à Verde il ne faut pas être en retard !